À propos de Eric Alberti

 

Enrique Galiléo Alberti est né le 03 février 1942 à Buenos Aires en Argentine à l’hôpital du quartier Boedo, d’Enrique Alberti, argentin de naissance et chef d’attaque de l’orchestre philarmonique de Buenos Aires, et
d’Adèle Cossiani, immigrée italienne.

 

Photo du père d'Eric Alberti
Enrique Alberti père

 

Quand Enrique a 3 ans, la famille s’installe dans le quartier populaire de Mataderos (abattoir), à Buenos Aires.

3 ans plus tard, la famille s’installe à Flores et le jeune Enrique, alors âgé de 6 ans, demande à son père de commencer l’apprentissage du violon.

Après l’exécution de quelques tests concluants sur le piano familial afin de contrôler les qualités de musicien du petit garçon, son père accepte.

16 mois plus tard, à 7 an ½, à l’occasion d’une festivité en l’honneur du général Péron (mari d’Eva Perón), on propose au surdoué Enrique de jouer le Czardas de Monti sur la scène de la cité Eva Perón.

 

Eric Alberti jouant le Czardas de Monti sur la scène de la cité Eva Perón
Eric Alberti à la cité Eva Perón

 

À la sortie de ce concert, un homonyme aisé propose alors à la famille de prendre en charge toute la scolarité d’Enrique au conservatoire de Buenos Aires, mais ses parents refusent.

Enrique survole sa scolarité et obtient le baccalauréat en 1959, à l’âge de 17 ans.

 

Eric Alberti au Colegio nacional Mariano Moreno en 1957
Eric Alberti en 1957 au collège Mariano Moreno

 

Meilleur élève de son établissement scolaire, il est choisi pour faire un discours de 1h ¼ lors de la cérémonie de remise des diplômes, devant les bacheliers, professeurs et le ministre de l’Éducation nationale.

Enrique décide de poursuivre ses études, au-delà du baccalauréat, et s’inscrit en sciences physiques à l’université de Nunies.

En parallèle de ses études universitaires, il continue d’étudier la musique et, notamment, la composition.

Un an plus tard, il est reçu au concours d’entrée à l’opéra de Buenos Aires en tant que violoniste (1960).

En 1964, à la suite de soucis personnels, Enrique doit quitter l’université mais poursuit l’apprentissage de la musique. Sa carrière musicale est lancée, à son grand soulagement. Il étudie avec Lleerko Spiller et obtient le premier prix de violon.

En 1967, il obtient une bourse pour intégrer la Camerata Bariloche,  ensemble de solistes dirigé par le maître Alberto Lysy. Il commence alors une tournée internationale avec la Camerata.

A l’été 1967, le grand maître Hongrois Sandor Vegh est invité à écouter les élèves de la Camerata au château de Priverno en Italie. Dans la salle Sandor Vegh demande aux élèves :

– « Qui veut jouer ? » 

Dans le silence général, Enrique lève le doigt ! Sandor Vegh l’invite sur l’estrade… où Enrique joue la sonate N9 pour violon et clavecin de Vivaldi. À la fin de la prestation Sandor Vegh marque sa satisfaction !

Mais Lysy, en colère, fait signe à Enrique de sortir de la salle avec lui … S’ensuit une dispute entre les deux : Lysy menace Enrique de le faire rentrer en Argentine tout de suite… Bref le conflit se termine par le fait que, séduit par l’interprétation d’Enrique, Sandor Vegh lui offre de devenir son élève en Allemagne.

Enrique accepte avec joie la proposition. Cependant, sous la pression de son maître, il continuera la tournée de concerts avec la Camerata en tant que soliste, dont le point culminant est un concert dans le quartier de Barrio Norte, à Buenos Aires.

Au début de l’année 1968, Enrique rejoint enfin Sandor Vegh et commence ses études dans la classe de virtuoses du conservatoire Robert Schumann de Düsseldorf, ainsi qu’au Menuhin Institut de Gstaadt.

Durant les 9 mois suivants, la vie Allemande ne lui convient guère et il a du mal à s’y accoutumer. C’est pour cette raison qu’il est plus que ravi lorsque Sandor Vegh lui propose de l’accompagner en France en juillet au musical de Saint Germain en Laye, et d’en constituer ainsi un cours d’été.

 

 

Enrique découvre la France et Paris.

La similarité entre Paris et Buenos Aires le surprend (ndlr architecture Haussmannienne). Enrique est émerveillé par la beauté de la capitale française, la richesse de la culture et la diversité des ensembles musicaux.

Après avoir été brièvement soliste au festival de la côte d’azur sous la direction d’Igor Markevitch, il accepte un poste de premier violon soliste auprès de l’orchestre philharmonique de Lille sous la direction de Michel Casadesus.

Lors d’une réunion de 1969, on lui offre un poste de second violon avec l’association de concerts Pasdeloup de Paris.

C’est décidé, Enrique reste en France. 

Il commence par offrir ses services et compétences en free-lance. Il rencontre de nombreux musiciens qui resteront ses amis pour la vie, notamment, des musiciens du célébrissime Opéra Garnier. Disposant de grandes facilités à passer du répertoire de l’opéra allemand au répertoire italien, il devient un remplaçant de qualité de l’orchestre symphonique de l’opéra Garnier.

Il élargit aussi ses prestations à la variété en participant à la tournée mondiale de Gilbert Bécaud de 1972.

Durant les années suivantes, il découvre le répertoire conséquent de la musique française, méconnue car très peu enregistrée. Il visite régulièrement la bibliothèque nationale rue Richelieu à Paris, à la recherche des compositeurs français oubliés. Il commence alors d’imaginer la création d’une société qui serait dédiée à l’édition de musique française de concert. 

C’est à cette période qu’il rencontre Pierre Llinares, directeur d’un petit ensemble d’une quarantaine de musiciens de la région Parisienne. Les racines espagnoles de Pierre, ainsi que leur amour commun pour la musique Française, créent un lien fort entre les deux hommes. Ils découvrent ensemble des dizaines de créations musicales non enregistrées.

Tous deux imagineront le futur trio à cordes Albert Roussel.

 

Eric Alberti à 32 ans
Eric Alberti à 32 ans

 

En 1974, Enrique obtient la nationalité française et devient Eric Galilée Alberti.

En 1977, il réussit le concours d’entrée à l’Opéra Garnier en tant que titulaire.

Cette stabilité permettra à Eric d’avoir une vie familiale plus harmonieuse, de s’intéresser de plus en plus au trio Albert Roussel et à la musique classique Française en général.

Il deviendra rapidement premier violon de l’opéra de Paris et sera également appelé à jouer à l’étranger, notamment à la Scala de Milan (sacre du printemps Stravinsky).

Entre 1978 et 1982, il développe les bases du répertoire de la société Cybélia qu’il fonde en 1982.

 

 

Cette société de production de musique française de concert connaîtra un grand succès et remportera 23 récompenses nationales et internationales.

Albert Roussel ayant écrit beaucoup de pièces pour trio à cordes, le « Trio Albert Roussel » composé de Georges Schwarz, Pierre Llinares et Eric Alberti prend enfin forme.

Les morceaux et compositions interprétés par ce trio à corde sont les premiers disques enregistrés par la société Cybélia (ndlr : tout d’abord enregistré sous une autre société d’édition, puis sous la
référence CY 609 avec Cybélia).

Le Trio Albert Roussel et Cybélia enregistrent à nouveau le trio à cordes d’Albert Rousset ainsi que celui de Georges Migot. Marc Honneger participe à l’enregistrement de ce disque. Les « 3T » de Télérama le qualifie de disque « beau mais surtout utile ».

Les multiples contacts établis à la suite de la sortie de ce disque encouragent Eric à continuer de rendre accessible à tous, la musique classique Française.

La veuve d’André Jolivet, partitions sous le bras, rend visite à Eric et propose d’enregistrer le trio à cordes de Jolivet en première mondiale au château du Marquis d’Evry, ce qui peut se faire, notamment, grâce à l’autorisation du préfet Roger Gromand.

Dans cet enregistrement figure également le trio à cordes de Jean Françaix (Jean Françaix était très peu diffusé à la radio, malgré des œuvres somptueuses). Ce dernier lui présente par la suite sa fille, pianiste émérite.

Ils enregistrent ensemble le magnifique trio pour violon, violoncelle et piano de Maurice Ravel, au studio du Palais des Congrès (Alberti, Schwarz et Françaix).

Grâce à la société Cybelia et à son fondateur, Éric Alberti, de nombreuses œuvres musicales majeures sont éditées pour la première fois :

– Musique pour les Enfants de Jean Françaix,

– La seconde sonate pour violon et piano d’Albert Roussel, enregistrée au studio du Palais des Congrès,

– Les trios à cordes de Darius Milhaud et Jean Michel Defaye, joué par le Trio Albert Roussel,

– L’intégrale des quatuors à corde de Darius Milhaud par le quatuor Arcana,

– Sonates pour piano et violon d’Arthur Honneger (Olga Galperin au piano et Eric Alberti au violon),

– Résurrection d’Albert Roussel, Jour d’été à la Montagne de Vincent d’Indy, ainsi que Visions et Phédre de Jules Massenet par l’orchestre philarmonique de l’état de Rhénanie Palatinat sous la direction de Pierre Stoll,

– Œuvres pour flute, violon et Piano de Georges Hugon

– Trio à cordes, Opus 105 de Florent Schmitt par le Trio Albert Roussel

– Concerto pour clarinette et orchestre / suite pour violon et orchestre par l’ensemble instrumental des musiciens de l’opéra de paris sous la direction d’Alain Lombard avec Eric Gabai à la clarinette et Eric Alberti au
violon solo

– Sonate pour violoncelle et piano, sonate pour violon et piano, trio en sol (1880) de Claude Debussy par Armand Bex au piano, Robert Bex au violoncelle et Eric Alberti au violon

Le travail acharné d’Éric Alberti permettra l’obtention de plusieurs prix nationaux et internationaux dont :

– Le double diapason d’or et le prix de l’académie du disque pour Ames d’enfants et Journal de Bord de Jean Cras (il est à noter que Jean Cras ne figurait pas au dictionnaire de la musique avant ces éditions…),

– Le grand prix de l’académie Charles Cros pour les enregistrements des œuvres de Debussy,

– Plus de 23 prix pour le Saint François d’Assise d’Olivier Messian, notamment une victoire de la musique et le prix du président de la République,

– Le prix de l’académie du disque pour le Livre de la Jungle de Charles Koechlin, ainsi que Orianne et le prince d’Amour de Florent Schmitt par l’orchestre philarmonique de l’état de Rhénanie Palatinat.

En 1995, dans un contexte économique compliqué et avec l’arrivée du numérique, la société Cybélia ferme ses portes et Eric Alberti se consacre à la composition.

 

Eric Alberti et Pascal Bournet pour Barrios de Buenos Aires
Eric Alberti et Pascal Bournet pour Barrios de Buenos Aires

 

Il écrit ainsi 12 œuvres descriptives de certains quartiers de Buenos Aires et enregistre « Barrios de Buenos Aires » ainsi qu’une dizaine de petites œuvres.

Il compose également une variation du Prélude de Bach.

Puis, il s’essaie aussi à la chanson en tant que compositeur interprète (Tiro Berti).

Il vit actuellement en région parisienne.